Critique La Chute de la Maison Usher #1

Adapter un classique est une route piégée, gardée et chargée de charges émotionnelles puissantes. Ce n'est pas une tâche facile car d'autres ont déjà proposé une interprétation et chacun a déjà une idée au moins dans sa tête de ce à quoi l'oeuvre devrait ressembler. Notre cas d'aujourd'hui est un pionnier de plusieurs genre de littératures et peut générer des attentes... bien différentes. Car Edgar Allan Poe a écrit des nouvelles très différentes, pourtant présentes dans cette sorte d'anthologie. Alors accrochez vous au corbeau, c'est lui qui a les réponses...

Résumé:

La famille Usher a fait fortune en reprenant une entreprise de médicaments. Mais alors que les tragédies s’enchaînent, le patriarche de la famille, Roderick, demande à son plus brillant adversaire, le procureur Dupin, de le rejoindre dans une maison délabrée en lui promettant sa confession. Ainsi il égraine les malheurs de sa famille mais aussi pourquoi elle les a mérités...

Adaptation libre:

La Chute de la Maison Usher est une anthologie déguisée d'adaptations de nouvelles d'Edgar Allan Poe. Cette série reprend plusieurs histoires de l'auteur et les mélange pour former les mésaventures des Ushers. Ne vous attendez pas à une retranscription fidèle: outre leur incorporation dans une histoire plus grande, elles sont aussi mises au goût du jour avec la technologie de 2023. Vous ne retrouverez donc pas l'histoire que vous avez lu, par contre vous aurez ses thèmes et... sa poésie.

L'exemple de La Chute de la Maison Usher est assez caractéristique: Le centre c'est l'idée d'un homme qui appelle son meilleur ami pour lui faire une confession. Une femme revient à la vie et c'est une histoire de culpabilité, d'horreur qui va poursuivre les protagonistes. Dans la série, chacun des thèmes est utilisé par la culpabilité de Roderick Usher sur ses malversations qui ont conduit à des morts ou dans la façon dont il a dévoyé ses enfants. Une femme le hante, mystérieuse et retors. Enfin, il raconte tout cela à Dupin, qui malgré leurs oppositions, est son meilleur ami.

Du talent des interprètes:

Cette adaptation doit beaucoup à la somme des talents qui la composent: d'abord le casting est considérable, de la diction parfaite de la poésie de Bruce Greenwood à Mark Hamil en avocat véreux en passant par une Carla Gugino hors norme. Pas de fausses notes de ce coté là, ils sont servis par une mise en scène qui les met en valeur et des images vertigineuses qui n'ont pas peur de prendre des risques. C'est très gothique, jouant avec les sombres, les gris n'hésitant à recourir aux effets spéciaux pour lisser un mouvement de caméra, pour arrondir une vision horrifique.

Car c'est le choix fait par le showrunner de la série Mike Flanagan: l'idée de cette mini-série est de faire ressortir le caractère sombre et horrible, ironique et poétique de l'oeuvre de Poe. C'est ce ton noir, entre un humour déplacé et une émotion un peu trop forte que se place notre regard. Il n'hésite pas à essayer de nous mettre à la place des protagonistes, de Roderick ou de ses enfants, pour ressentir l'horreur de façon plus personnelle. Cela fonctionne par moment mais il faut rentrer dans ce rythme lent, emprunté qui peut vous décontenancer. Je vous laisse juge aussi de la pertinence de certains thèmes comme la gestion de l'infidélité dont le showrunner est un peu proche qui peuvent créer un certain malaise...