Critique Rayman 3 : Hoodlum Havoc #3 [2003]

Critique de la version PS2

Rayman est en quelques sortes la mascotte non-officielle du jeu vidéo français. Un personnage mondialement célèbre et apprécié des gamers notamment grâce à sa première trilogie conclue par Rayman 3 : Hoodlum Havoc.

Au début des années 2000, la saga Rayman est sur une bonne lancée notamment grâce aux bons retours de Rayman 2 : The Great Escape (dont la version Rayman Revolution sur PS2). Une situation intéressante pour l'éditeur Ubisoft (s'écrivant Ubi Soft à l'époque) qui décide de battre le fer tant qu'il est chaud. Néanmoins, le créateur de la licence, Michel Ancel, est occupé par Beyond Good & Evil donc il délègue le développement à une partie de son équipe de Montpellier mais surtout aux locaux parisiens d'Ubisoft. Une production qui se caractérise par l'idée de changement dans la continuité se concentrant surtout sur un character design repensé pour les héros ainsi que la volonté d'offir un gameplay plus diversifié. Rayman 3 débarque sur nos consoles (GameCube, GBA, Xbox et PS2) ainsi que sur PC entre février et mars 2003 avant d'être porté sur N-Gage à la fin de l'année. Enfin, il y a aussi le portage HD rendu disponible sur sur PS3 et Xbox 360 en 2012. Bref, il y a l'embarras du choix pour plonger avec délectation dans ce divertissement coloré mélangeant aventure et plates-formes.

L'intrigue impose une nouvelle fois aux héros sans bras ni jambe Rayman de sauver la Croisée des Rêves. En effet, un paisible Lum Rouge (sorte de luciole) se transforme en agressif Lum Noir nommé André qui va directement transformé les autres Lums Rouges menaçant grandement le calme et la liberté de toute une contrée. Les animaux sont attaqués et les Lums Noirs gagnent en puissance pouvant se transformer en guerrièrs faits de sacs appelés les Hoodlums qui vont enfermer tous les Ptizètres qu'il croisent. André a néanmoins un objectif précis : se rendre au Concile des Fées pour corrompre le Coeur du Monde. Sur place, il est malencontreusement avalé par Globox, le meilleur ami un peu bêta de Rayman. Notre héros va devoir trouver un spécialiste pouvant extraire André du corps de Globox tout en délivrant les Ptizètres et en éliminant les Hoodlums...

Si le jeu propose un scénario bien structuré, il n'en reste pas moins trop classique et peu passionant dans son déroulement tout en ne racontant pas grand chose. C'est aussi car il est plus axé sur l'humour et les interactions entre les différents personnages. Les pitreries de Globox qui se prend d’affection pour André, les cinématiques riches en humour très cartoon et les délires des Ptizètres sont assez efficaces. Il y a de quoi faire sourire n'importe quel membre de la famille avec quelques blagues parfois un peu plus adultes dont le tutoriel. Il y a aussi un soin apporté aux dialogues pour offrir un divertissement décomplexé qui fonctionne à merveille. Le scénario de Rayman 3 n'est qu'un prétexte efficace pour nous offrir des petites pastilles humoristiques via des personnages truculents des cinématiques réalisées en images de synthèse. Ces dernières sont les moments les plus appréciables de l'histoire notamment quand Globox doit faire face à des docteurs.

Le monde créé pour le jeu est au diapason de son univers décalé. Une direction artistique faisait la part belle au trop plein de couleurs vives et aux personnages curieux à l'image évidemment de Rayman et ses absences de membres malgré des mains comme des pieds. Il en va de même pour les Hoodlums au design aussi particulier que réussi se déclinant en plusieurs types d'ennemis. On apprécie par ailleurs l'excellent travail effectué pour donner un réel cachet aux différents boss affrontés. Les décors sont assez variés entre des lieux sinistres où d'étranges créatures rodent comme des lieux plus champêtres voire des tunnels aux couleurs un brin psychédéliques... Techniquement le titre tient la route et s'avère beau pour un jeu de 2003 même s'il faut accepter cet aspect assez anguleux. Mais quand les ennemis sont nombreux à l'écran et que les couleurs sont  éclatantes, on est jamais gênés pour savoir ce que l'on fait.

En termes de gameplay, Rayman 3 est le digne successeur du second opus à savoir un jeu d'aventure misant autant sur l'action que sur la plates-formes. Ce second aspect est d'ailleurs celui qui est le plus ancré dans l'ADN de la série avec grande efficacité et une difficulté progressive. Il va falloir donc être précis et comprendre comment atteindre le lieu attendu par les développeurs qui se font plaisir avec de beaux level-designs vers la fin du jeu. Le genre de phase à réussir de bout en bout sous peine de recommencer tout en bas. La grammaire du jeu de plates-formes 3D est bien respecté avec des phases attendues et très efficaces. La principale nouveauté du jeu est le fait que Rayman peut avoir des pouvoirs temporairement qu'il faut ramasser. Ils permettent ainsi notamment d'avoir un véritable hélicoptère à la place des cheveux pour aller très haut ou avoir des grappins à la place des mains pour offrir des phases différentes. Des idées qui fonctionnent bien et qui s'imbriquent évidemment dans des phases plus complexes du jeu.

L'autre versant du gameplay sont les combats contre les Hoodlums requérant une technique spécifique comme pour les pirates du second opus. Se mettre face aux ennemis et leur balancer vos poings en évitant leurs projectiles. Selon comment on se dirige, les poings peuvent les avoir en ligne droite ou sur leurs côtés. Chaque ennemi demande donc de bien faire attention à l'endroit où on les touche et au timing utilisé. Cela fonctionne mais s'avère au bout d'un moment assez répétitif. Il y a néanmoins une volonté de renouveler un peu les combats lors des séquences de boss avec des techniques et phases bien précises qui deviennent au final les meilleurs moments du jeu. Néanmoins, le jeu dispose d'un défaut majeur et assez habituel pour les titres de son époque : la gestion de la caméra. Qu'elle soit libre ou choisie par le jeu (cela dépend des moments), elle peut s'avérer un réel handicap en restant trop collée au personnage où en s'affolant sans raison. Aussi, il n'est pas toujours aisé de pouvoir la faire tourner autour du personnage principal... Dommage.

Ce qu'on peut aussi reprocher au titre c'est son manque de renouvellement par rapport à l'opus précédent. On sent que Michel Ancel n'est plus sur le pont car ses idées aussi folles que géniales font défaut tant on a le sentiment que les développeurs ont voulu faire comme le maître sans jamais parvenir à l'égaler. Il y a bien quelques tentatives d'apporter un peu de surprises au jeu comme ses phases de transition un poil psyché mais au final assez anecdotiques. Des petites idées ici et là qui sont certes appréciables comme des petites respirations mais jamais comme de grosses bouffées d'oxygène. Il y a aussi des bonus comme des vignettes humoristiques en images de synthèse sympathiques ou des mini-jeux typés arcades efficaces mais inégaux. On peut les débloquer en délivrant le plus de Ptizètres possibles ou en collectant les joyaux disséminés dans le jeu. De quoi augmenter une durée de vie assez honnête par ailleurs.