Critique Secrets excavés [2022]

Premier supplément (on l'espère d'une longue série) pour Donjon & cie, Secrets excavés se divise en trois grandes parties :

• une petite partie règles et ambiance pour jouer le mode Élite (au-delà du niveau 6) ;
• des scénarios, au nombre de 13 (tremblez, mortels !) ;
• une immense campagne !

De quoi avoir quelques heures de jeu et arriver à ce fameux mode Élite. En quoi consiste-t-il ? Les PJ vont-ils devenir surpuissants et aller castagner des dragons et dieux, comme dans certains suppléments innomables pour le grand ancien des jeux de rôles ? Que nenni ! S'ils sont parvenus à survivre jusqu'ici, c'est sans doute grâce à leur force de frappe, mais pas que : ils ont su s'attirer quelques faveurs (et quelques inimitiés en retour) et intéresser leur hiérarchie. S'ils sont considérés, ils sont également surveillés, plus que jamais. Leur accès à unn certain confort matériel va les plonger dans les arcanes pollitiques du Donjon, et dans les jeux de pouvoir entre les huiles (comprendre : les cadres du Donjon). Or ici chacune de ces personnalités suit un but bien à elle, parfois, souvent en contradiction avec celui du directeur d'en face. En une vingtaine de pages, Donjon & cie prend soudain une autre dimension, qui rejoint celle des jeux "à secrets". Autrefois petits éléments dans un vaste monde, les PJ deviennent soudain des acteurs de ce monde. De bien faibles acteurs, souvent manipulés, qui ne le sauveront pas (encore que), mais qui chercheront surtout à mieux comprendre comment il tourne pour éviter de se faire écraser.

La lecture des 13 scénarios à l'aune de cette nouvelle dimension possible est un régal : chaque mission garde la loufoquerie propre au concept de base, et s'enrichit d'une volonté sous-jacente. Si les PJ ont été mal équipés, mal informés, voire trahis et qu'ils partent avec tous les désavantages possibles, ce n'est peut-être pas tant que leurs collègues du Matériel, de la Supervision ou de l'Arpentage sont mauvais, mais peut-être qu'une personne haut placé leur a mis des bâtons dans les roues. Enfin, pas à eux, pauvres cogneurs insignifiants : ils ne sont que des exécutants d'un désastre que quelqu'un veut voir arriver. Aux PJ de s'en sortir pour avant tout survivre, et ensuite, peut-être, éventer ces machinations ! Ça vous rappelle le boulot avec José qui plante votre projet pour récupérer les fonds qui lui sont alloués. Normal !

Donjon en flammes, la vaste campagne qui termine l'ouvrage s'éloigne un peu de cette trame suggérée (et ce sera là mon seul regret). Si elle entraîne les cogneurs (les PJ donc) sous des horizons lointains et renouvelle à coup sûr le genre, elle redevient un peu trop une quête classique de JdR Med Fan, demandant pas mal d'attention de la part du MJ pour garder en ligne de mire les enjeux poltiques et loufoques de la gestion du Donjon. Donjon en flammes reste pour autant une excellente campagne, avec une ouverture sur des possibilités à gogo dans le monde de Donjon & Cie.