Critique Compañeros [2011]

Avis critique rédigé par Amaury L. le mardi 7 juin 2011 à 12h14

Hasta siempre…

Dans une république bananière ou plutôt lémurienne, un dictateur surnommé « Le gros » fait régner d’une main de fer un régime coercitif et liberticide intenable pour les compañeros. Une révolte gronde, pancarte à la main, le peuple scande « Dehors, Le gros ! ». Que va-t-il se passer ?

Qui se tient compagnie dans la boîte ?

Compañeros contient soixante cartes, numérotées de un à dix, en six séries différentes. Les illustrations mettent en scène des lémuriens gauchistes en lutte contre le dictateur porcin. On note la texture particulière de la boîte de jeu qui empêche une ouverture facile de celle-ci. Sinon, on a hâte d’en savoir davantage sur ce Compañeros prometteur.

Rejoignez la résistance !

L’union fait la force.

Le but du jeu est de marquer un maximum de points. Le jeu se pratique entre une et plusieurs manches selon le choix des joueurs.

Chaque joueur se saisit d’une série de cartes. Celles en trop sont écartées du jeu. On mélange toutes les séries ensemble puis on distribue équitablement les cartes entre tous les participants. Au centre de la table, on met autant de cartes que de joueurs, ceci forme le pot. Ensuite, chacun pose une de ses cartes, dans le sens horaire, avec une liberté absolue pour le choix de celle-ci. Quand tout le monde a joué, on compare la valeur des différentes couleurs représentées. Toutes les cartes de même couleur ajoutent leur valeur faciale. La couleur avec la somme la plus forte domine les autres. Les propriétaires, en débutant par celui qui a joué la carte la plus forte dans cette couleur, s'emparent parmi les cartes restantes du pot d’une couleur de son choix. Ensuite, ce sont les couleurs plus faibles (par ordre décroissant) qui continuent de se répartir le pot.

Exemple de répartition d'un pot.

En cas d’égalité entre plusieurs couleurs, la répartition s’arrête immédiatement. Toutes les cartes jouées ou non finissent dans le pot et un nouveau tour débute.

La partie ou la manche se termine quand tous les joueurs ont joué leur dernière carte. On additionne les points gagnés (valeur faciale des cartes). Le total le plus élevé renverse le tyran en place.

Un compañero familial.

Compañeros est un jeu de cartes malin qui, dans un cadre familial ou entre joueurs occasionnels, amène une ambiance conviviale et haute en couleurs. Malgré une thématique malmenée, l'auteur Steffen Brückner trouve une originalité intéressante, la possibilité de s'allier à un adversaire momentanément en jouant une couleur identique à la sienne. Cette ingéniosité amoindrit la négativité de posséder dans sa main uniquement des cartes de valeur insignifiante. En devenant le compagnon souhaité ou non, le temps d'un tour de jeu, de propriétaires de cartes fortes, cela permet de s'inviter à la fête et de participer aux réjouissances (récolte de cartes et ainsi de points de victoire).

Ceci change des jeux de plis traditionnels, où la détention de cartes puissantes augmente conséquemment vos chances de victoire. Dans Compañeros, les alliances circonstancielles prônent les renversements de logique inhérents à la plupart de jeux de plis. Il atténue grandement (surtout à partir de quatre joueurs) le contrôle potentiel sur l'ensemble et amènent de fréquents débats oratoires, presque diplomatiques, sur le choix de la future carte par le dernier joueur avant que ne commence la répartition du pot.

A bas le tyran !

Si le jeu ne verse pas complètement dans l'anarchie, Compañeros privilégie les entourloupes, les coups bas, les alliances momentanées à l’application régulée de stratégies. On ne réfléchit pas vraiment sur le pourquoi, surtout si on initie un nouveau tour, de jouer telle carte plutôt qu'une autre. On s'aperçoit rapidement de l'importance d'abattre sa carte en dernier avec effectivement des décisions à prendre. Pour les autres, on s'adapte aux circonstances du moment en analysant les données (les cartes déjà jouées) pour optimiser sa pose.

Si Compañeros divertit, il ressemble par de nombreuses similitudes mécaniques à un jeu japonais sorti en octobre 2010, Rainbow (lire la critique). Ce dernier demeure beaucoup plus tactique et se joue très bien dès deux joueurs. Rainbow favorise la réflexion, l'autre l'ambiance et les deux jeux fonctionnent agréablement. Compañeros s'avère plus facile à trouver et moins cher... Mais un poil moins savoureux...

Un résistant français...

La conclusion de à propos du Jeu de cartes : Compañeros [2011]

Auteur Amaury L.
65

Compañeros est un jeu de cartes intéressant qui divertit sans aucun souci les participants. Il amène une ambiance conviviale truffée d'entourloupes et d'alliances provisoires. On apprécie l'ensemble dans les configurations entre quatre et six joueurs. Certes, on ne contrôle pas grand chose (sauf le dernier à jouer) et on se base sur les maigres informations présentes et les éventuelles promesses pour poser une carte, avec l'espoir de participer au partage du pot. Les parties animées et dynamiques assurent à Compañeros du plaisir auprès d'un large public. Pourquoi pas le compañero de vos vacances ?

On a aimé

  • Simple et rapide.
  • Pour tout public.
  • Jeu de cartes avec alliances.

On a moins bien aimé

  • Ressemble à Rainbow (lire la critique).
  • Anarchique.
  • Thème (presque) transparent.

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