Critique Le Hobbit : Un voyage inattendu #1 [2012]
Avis critique rédigé par Richard B. le vendredi 7 décembre 2012 à 13h06
La menace fantôme.
En cette année 2012, Le Hobbit, à l'instar de Prometheus ou Dark Knight Rises, comptait comme l’un des films les plus attendus. Il faut dire que depuis la spectaculaire – et désormais culte - trilogie du Seigneur des Anneaux, le genre heroic fantasy a engendré quantité de mauvais films étrangement destinés au jeune public alors qu'originellement la saga créée par Peter Jackson visait plutôt un public adolescent, voire adulte. Ainsi, même si roman Bilbo Le Hobbit est à l’origine une œuvre de Tolkien destinée aux enfants, nous fondions tous de grands espoirs en Peter Jackson, histoire de nous faire rêver d'elfes, de gobelins, de nains et autres réjouissances, là où les autres avaient jusqu’ici échoués.
Plaçons-nous dans le contexte. Peu de temps avant que Frodon Sacquet et ses compagnons partent détruire un anneau magique, Bilbon se remémore ses aventures. Tout a commencé il y a plus de soixante ans. Alors qu'il s'apprête à déguster un savoureux repas, treize nains débarquent chez lui pour lui demander de se joindre, en qualité de voleur, à une quête ayant pour objectif de reprendre les biens du royaume perdu des nains d’Erebor. La mission s'annonce aussi longue que périlleuse, puisque le gardien de ce trésor n’est autre que le terrible dragon Smaug. Si, dans un premier temps, le jeune hobbit rejette la proposition, il finit par céder à l’appel de l'aventure et rejoint la troupe menée par Thorin Ecu-de-Chêne, guerrier légendaire souhaitant plus que tout redonner une nation à son peuple.
Initialement, le projet de "The Hobbit" devait se concrétiser par deux films réalisés par Guillermo Del Toro. Ce dernier conserve d’ailleurs dans les crédits les fonctions de coscénariste et de consultant. Lorsqu'on y repense, l'idée semblait particulièrement bonne, le livre proposant une approche bien plus féérique que leSeigneur des Anneaux. Par exemple, le passage des géants de Pierre pouvait amener une situation collant parfaitement au style du réalisateur mexicain. Mais des problèmes de production (en particulier ceux de la MGM) ont contraint Del Toro de partir et, donc, entraîné Peter Jackson à reprendre les rênes du projet. Et c'est certainement la raison qui fait que cette « préquelle » possède un ton et un visuel proche de ceux de La Communauté de l'Anneau. En effet, ce Voyage inattendu est bien plus sombre que l'oeuvre de Tolkien – bien que l'humour soit bien plus présent – et, au final, assez proche de l'introduction du premier volume cinématographique de la célèbre trilogie. On peut également noter que les enjeux ont été complexifiés, sans que cela nous empêche pas de s’interroger sur la nature des deux prochains films, une bonne partie du récit originel ayant déjà été traitée ici. Le film propose déjà une bonne dose d'ajouts comme, par exemple, l'introduction amenant les apparitions d'Elijah Wood et Ian Holm afin de créer une passerelle avec la trilogie.
Puisque l’on parle de prologue, force est d’avouer qu’il constitue le plus gros problème du film de Jackson. Tout d'abord, on a droit à un résumé de l’histoire du royaume perdu des nains d’Erebor, ensuite on est projeté dans le futur pour, enfin, revenir dans le passé et faire la connaissance des treize nains qui vont entrainer Bilbon dans ses multiples aventures. C’est long, très long, et pendant tout ce temps on s'ennuierait presque – et cela même si l’on apprécie de se retrouver en terrain connu. À vouloir poser une grosse partie des enjeux dés le départ et faire un clin d'œil peut-être inutile et trop nostalgique, Peter Jackson en oublie l'essentiel : donner du rythme. Et comme il s'agit ici de l’entame de l’œuvre, il y avait de quoi s'inquiéter. Mais, heureusement, une fois cette communauté formée, petit à petit, le film, commence à nous entraîner dans son univers, cela même si le degré d’affection vis-à-vis des personnages semble bien moindre que celui rencontré avec la communauté de l'anneau. Des passages "imputables au livre" semblent aussi ne pas être toujours en adéquation avec ce qu'on voit à l'écran. Ainsi des scènes très noires (on voit des bras et des têtes coupés) sont confrontées à d'autres, bien plus naïves (telle une représentation des animaux que n'aurait pas renié les faiseurs de Narnia). Cette variation de ton désarçonne parfois et on peut penser que Jackson a trop usé de compromis, pour vouloir satisfaire à la fois les puristes du livre et les fans des films précédents.
Puisqu'on est encore au stade de parler des déceptions, nous évoquerons le relief, à l'aspect fortement dispensable, du moins tel que placé dans le cadre de cette projection, c'est-à-dire en 24 images/secondes (pour mémoire le film a été tourné en 48 images secondes). Si la dernière partie propose quelques très jolis moments de 3D, une autre est assez désagréable, Jackson optant pour une mise en scène proche de sa trilogie originale, suscitant donc des variations de plans par moment trop abrupts pour que l'oeil ait le temps de s'adapter à l'image (les 48 ips pourraient peut-être en effet corriger cela). À l'heure où L'Odyssée de Pii, ou encore Hugo Cabret, nous prouvent que la 3D peut-être en effet la composante artistique et réfléchie d'un film, Jackson semble être passé à côté (en même temps le rythme de production de trois films en un tournage n’a pas dû lui simplifier la tâche).
Maintenant, arrêtons là de jouer les blasés ou les grincheux de services et passons aux bonnes choses, car elles sont prédominantes. Outre déjà le plaisir de retrouver la Terre du Milieu, Gandalf le gris et Gollum (ceux qui n'est pas rien) et de croiser Elrond, Galadriel ou encore Saruman, on est réjoui de constater que Jackson a su s'entourer de quasiment la même équipe que par le passé. Fran Walsh occupe toujours une position de scénariste et productrice, Andrew Lesnie reste à la direction de la photographie (point indéniable de la réussite de l'ancienne trilogie et plus encore de ce nouveau chapitre), Howard Shore signe encore un superbe score dont les thèmes seront chantonnés bien après la vision du film, John Howe et Alan Lee persévèrent à influencer Jackson par leurs dessins. On s'amuse beaucoup à voir Andy Serkis, en plus de reprendre le personnage de Gollum, promu au poste de réalisateur de seconde équipe. Le résultat a l'écran est flagrant : on évolue vraiment dans un univers familier, même si moins austère en terme de lumière - Sauron n'ayant pas encore fait son apparition. Seuls les trolls paraissent peut-être plus amicaux — et cartoon — que ceux rencontrés auparavant.
Ensuite, on est heureux de voir que l'histoire est globalement plus riche que le livre de Tolkien (désolé pour les fans), exploitant des annexes et notes de l'auteur pour rendre l’intrigue un peu plus complexe qu’à l’origine. Des enjeux, des relations entre les personnages et des événements apparaîtront et étofferont donc l'ensemble afin de produire un film moins enfantin et plus proche de ce qui avait été apprécié dans la transposition cinématographique du Seigneur des Anneaux (même si, comme vu plus haut, l'exercice de ce compromis présente ses failles). Mais, surtout, Peter Jackson continue à nous offrir un film riche en scènes pouvant rester gravées à jamais dans nos mémoires. Celle de la rencontre entre Bilbon et Gollum (au passage, après dix ans d'avancées technologiques, ce dernier se montre encore impressionnant) est un sommet d'humour, d'émotion, de jeux d'acteurs et de dialogues et la bataille finale n’a rien à envier à celle concluant La communauté de l'anneau. Au passage, cela nous rappelle que personne n’avait réussi à faire spectacle aussi épique depuis.
Côté casting, Ian McKellen est toujours aussi charismatique et talentueux, peut-être trop, puisqu'ici personne n'arrive à lui voler la vedette (il faut dire que son personnage est bien plus présent que dans la trilogie). Pas même Martin Freeman (le Dr. John Watson de Sherlock) qui campe néanmoins un très convaincant Bilbon (mention très bien) et un Richard Armitage (Captain America) incarnant de manière sympathique Thorin, ne parviennent à faire de l'ombre à notre Magnéto. Et si l’on peut distinguer aussi Ken Stott (Balin), Aidan Turner (Kili) et Dean O'Gorman (Fili), pour le moment, le reste du casting est bien trop en retrait pour qu'on soit marqué par leurs personnages (on espère que le second volet permettra de créer plus d'affinités avec le reste de la troupe).
La conclusion de Richard B. à propos du Film : Le Hobbit : Un voyage inattendu #1 [2012]
Si Le Hobbit, un voyage inattendu, tarde à démarrer et communiquer son potentiel émotionnel, le plaisir de retrouver la Terre du Milieu est bien présent et, une fois lancé, le film enchaine les morceaux de bravoure avec un final quasi anthologique, plein de beauté, de poésie et d'héroïsme. Alors, certes, l’on atteint pas le Nirvana qu'avait procuré la saga du Seigneur des anneaux, mais, depuis la trilogie, on n’avait pas vu mieux en la matière et, passés deux ou trois petites déceptions, on garde surtout le souvenir d'avoir pris son pied (velu ? ndj).
On a aimé
- Le retour dans la Terre du Milieu.
- La musique épique.
- Le dernier acte anthologique.
On a moins bien aimé
- L'indroduction un peu longue.
- Une 3D qui déçoit (en 24 images secondes).
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