Critique The Witcher le jeu de rôle [2019]
Avis critique rédigé par Christophe H. le vendredi 3 mai 2019 à 09h00
On l'appelle le loup blanc
« The Witcher le jeu de rôle » est proposé depuis peu en version française par l’éditeur Arkhane Asylum Publishing. Il s’agit d’un ouvrage de plus de 330 pages présentant l’univers du jeu, le contexte et la période dans laquelle se déroule l’action ainsi que les règles (très) complètes pour donner vie à tout ceci.
Petite présentation de ce qu’est «The Witcher».
«The Witcher» est, dans un premier temps, une série de romans écrits durant les années 90 par l’auteur polonais Andzej Sapkowsky. Ces derniers ont été traduits en français aux éditions Bragelonne sous le titre « Le Sorceleur » et sont disponibles. Si vous aimez la Dark Fantasy, je vous les conseille, j’ai déjà parlé des deux premiers tomes ici, ça vous donnera une idée de ce à quoi vous attendre. Le troisième (la saison des orages) aura aussi droit à un article ici-même.
Dans un second temps, « The Witcher » est également une série de trois jeux vidéo édités par CD Projekt dont le dernier titre « The Witcher 3 : Wild Hunt » a battu des records de vente et de récompenses en 2015. Il reste un modèle de RPG sur PS4.
Dans un troisième et dernier temps (pour l’instant), « The Witcher » sera également une série produite et proposée par Netflix en automne 2019. Nous en savons peu pour l’instant sur cette nouvelle production, si ce n’est les acteurs qui participeront, notamment celui incarnant le Sorceleur Geralt de Riv : Henry Cavill.
Plus anecdotique, il existe également un jeu de plateau qui est aujourd’hui difficilement trouvable, dans lequel les joueurs incarnent les principaux personnages de la saga.
Bref, « The Witcher » a le vent en poupe, le bon moment pour proposer le jeu de rôle ?
Que nous propose le JdR «The Witcher» ?
Sur la forme déjà, il s’agit d’un très bel ouvrage tout en couleur de plus de 330 pages, à la couverture cartonnée et aux illustrations nombreuses et splendides. La mise en page est claire et aérée, les chapitres ont leur propre code couleur, un signet est également inclus ce qui a une vraie utilité sur autant de pages. Mais vraiment une mention spéciale sur le nombre et la qualité des illustrations, elles rendent l’ensemble vraiment plaisant et coloré.
Sur le fond, il s’agit d’un jeu qualifié de « Dark-Fantasy » dans lequel les protagonistes seront confrontés à diverses menaces, que ce soit au bestiaire inquiétant ou aux hommes sans cœur ni morale. Je partagerais « The Witcher JdR » en deux parties distinctes. La première, le jeu à proprement parler, et une seconde partie accès « encyclopédie de l’univers », guide du monde.
Donc, le jeu et ses mécaniques. Débutons par la base, à savoir la création des personnages. Celle-ci va se faire en suivant le schéma présenté le long de plusieurs tableaux qu’il faudra suivre page par page jusqu’à la finalisation. Elle va s’articuler autour d’un choix de profession, neuf possibilités dont celle de sorceleur. Pour ce faire, deux solutions. Soit vous avez une idée suffisamment claire de votre avatar et vous allez chercher dans ces tableaux ce que vous souhaitez, soit vous misez sur l’aléatoire, tirez aux dés et lisez directement les résultats indiqués. Cette étape est assez poussée et détaillée mais très accessible. Une fois finalisé, votre personnage aura un historique développé, des relations avec des PNJ, une filiation, des antécédents, en résumé, il sera étoffé et offrira des possibilités dans le cadre d’une campagne, s’il survit assez longtemps. A cela s’ajoute un principe de réputation qui pourra suivre le personnage en fonction de ses exploits. Il sera également pourvu de caractéristiques et de compétences lui permettant de réaliser différents tests en cours de jeu de manière simple. Pour cela, il suffit d’additionner les attributs adéquats au résultat d’un dé 10, le résultat devant dépasser un seuil de difficulté déterminé par le Maître de Jeu en fonction de l’action entreprise. De ce côté-ci, pas de soucis, c’est simple, ça se calcule vite, le résultat est immédiat. Mais où le bât blesse, c’est du côté des scènes de combats. Alors de mon côté, je les apprécie rapides, vives, quasi instantanés. The Witcher proposant un monde sombre, adulte, dans lequel le danger se trouve aussi bien dans les forêts que derrière les murs d’une cité, les raisons de se battre ne manqueront pas, la première des raisons étant d’essayer de rester en vie. Et ici, nous allons jeter quelques fois les dés et faire de nombreux calculs avant de savoir ne serait-ce que le résultat d’une passe d’armes. En effet, après l’habituel tirage des initiatives, l’attaquant et la cible vont faire leur jet, toujours sur la base 1D10 + caractéristique + compétence. Si c’est une réussite pour l’attaquant, il va falloir rejeter un dé pour connaître la zone touchée, puis relancer pour connaître les dégâts. Et ce n’est pas fini, en fonction de l’endroit touché, il faudra modifier selon le tableau qui se réfère à cette phase. Et si c’est un monstre et que vous n’avez pas d’épée en argent, il faudra aussi diviser par deux. J’avoue qu’un système façon « Brigandyne » m’aurait davantage convaincu pour ce style d’univers. Est également proposé un système d'artisanat. Si vous avez dans votre groupe un artisan, il va pouvoir confectionner ou réparer, suivant sa spécialité, armes, armures, potions… On retrouve donc également la partie « craft » d’un RPG classique dans lequel il faut avoir la recette ou le schéma pour créer ou réparer un équipement. Mais bon, jouer un artisan dans The Witcher, faut avoir envie. Peut-être plus à faire intervenir sous forme de PNJ pour libérer les joueurs de ça. Cette possibilité pourrait plaire à certains, je pense fortement à ceux voulant s’approcher de l’esprit jeu vidéo, où il faut récolter, fabriquer...
Sur les chapitres concernant la description de l’univers et le contexte géopolitique, il s’agit d’une partie très importante du livre, et c’est tant mieux tant il est prenant. Dès le début de la lecture, nous avons droit à un petit passage en revue de la situation et à une présentation des principaux personnages de la saga (sauf Ciri, celle-ci n’étant pas dans l’histoire au moment où se déroulent les évènements). Ceux-ci ont leur feuille de personnage remplie, donc vous pouvez les jouer. Pour ceux connaissant les jeux vidéo, l’action se déroule entre le 2 et le 3, au début de la troisième guerre Nilfgaardienne. Le tableau est donc bien sombre, de nombreuses menaces pèsent sur le nord, des complots s’ourdissent, des alliances se font, les armées marchent d’un pas régulier et des déserteurs errent hors des routes cherchant à éviter le conflit et la pendaison. La géographie est passée en revue, les provinces sont présentées sur une partie importante de l’ouvrage, c’est une mine d’informations pour ceux souhaitant découvrir ou approfondir la création d’Andzej Sapkowsky. Une partie importante de The Witcher réside dans la richesse et la variété de son bestiaire. Après tout, le travail d’un sorceleur est la destruction de créatures nuisibles au genre humain. Ici, nous avons une vingtaine d’adversaires potentiels proposés, chacun ayant droit à sa page d’illustration et à sa description. C’est un beau chapitre, mettant en valeur ce pan important du jeu. Il serait intéressant que les futurs suppléments de la gamme l'étoffe un peu, mais il y a déjà de quoi patienter d'ici là. Un premier scénario pour une soirée permet de mettre un pied dans le jeu et de se retrouver confronter à l’ambiance si particulière de The Witcher. Tout ceci mis bout à bout offre la possibilité à un maître de jeu créatif de proposer une campagne en suivant.
La conclusion de Christophe H. à propos du Jeu de rôle : The Witcher le jeu de rôle [2019]
The Witcher le jeu de rôle me laisse un sentiment partagé. D’un côté, l’univers Dark-Fantasy qu’il propose est très bien présenté et développé. On ressent très vite à la lecture le type d’ambiance qui s’en dégage, le potentiel qu’il possède et toutes les émotions qu’il peut offrir aux joueurs. Mais d’un autre côté, si les tests de compétences "classiques" sont simples à s’approprier pour les joueurs, le système de combat est à l’opposé et alourdit ces scènes qui devraient, au contraire, enthousiasmer la table. Nous sommes ici sur quelque chose de plus calculatoire, où la réflexion prend complètement le pas sur l'instinct. Pour ma part, je trouve ceci dommage.
On a aimé
- le côté "guide du monde" plaisant à lire
- le bestiaire
- un scénario inclus permettant de se lancer
On a moins bien aimé
- le système de combat à revoir
- le principe de "craft", dispensable
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