Critique Jusqu'au bout du Monde #3 [2007]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 2 juin 2008 à 15h38
Canonnade numérique et lobotomisée
Jusqu'au bout du Monde s'établit dans la continuité du précédent volet. Guidés par Tia et Barbossa et assistés du pirate malais Sao Feng, Will et Elisabeth se rendent jusqu'aux confins du monde connu afin de récupérer Jack Sparow et le Black Pearl. En effet, la flibuste, malmenée par les sbires de la Compagnie des Indes, est au plus mal. L'ultime solution est de réunir le Conseil des Neuf Seigneurs de la Cour des Frères (le plus haut conseil de la piraterie), le seul a avoir le pouvoir de réveiller la déesse Calypso, l'unique personne pouvant mettre hors d'état de nuire Devy Jones et le Hollandais Volant, qui oeuvrent désormais pour les Anglais. Et, bien entendu, Jack Sparrow, membre de ce conseil, est porté manquant depuis sa "rencontre" avec le Kraken.
Après un deuxième volet plus pétaradant mais bien moins intéressant que La Malédiction du Black Pearl, Gore Verbinski et les productions Disney remettent le couvert avec ce Jusqu'au bout du monde, réalisé dans la foulée du précédent. L'histoire se résume en peu de chose au niveau purement dramatique, le mot d'ordre ayant été apparemment; plus d'action, plus d'effets spéciaux, plus de gags. Ainsi faisant, cette licence glisse lentement mais sûrement vers la comédie aventureuse pour enfants. Oubliés les aspects sombres du premier opus, on a affaire ici a un pur divertissement à l'atmosphère cartoonesque. Autant dire que les gamins amateurs de premier degré vont adorer, et les autres beaucoup moins...
Le point central du récit reste bien entendu le personnage de Jack Sparrow. Superbement imaginé et interprété par un Johnny Depp en grande forme, ce Buster Keaton du 21ème siècle est tout simplement l'interet majeur de ce troisième opus. Du moins si l'on ne se réfère qu'à l'exploration des profils psychologiques des différents protagonistes. Car, et il faut bien le dire, le pirate le plus délirant des Sargasses et des Sept Mers tire tellement la couverture à lui que ses pauvres compagnons se retrouvent nus comme des vers. Dans ce désastre, seul Barbossa (Geoffrey Rush) parvient a garder in extremis son slip, le reste du casting n'ayant pas cette chance. Le couple Will (Orlando Bloom) et Elisabeth (Keira Knightley) émane autant de glamour qu'un duo d'huîtres, Devy Jones (Bill Nighy) nous refait son numéro "poulpesque" sans finesse, alors que les nouveaux venus, Sao Feng (Chow Yun-Fat) et Grant Sparrow (Keith Richards) en sont presque réduits à faire de la figuration.
Dans ces conditions, le film parait parfois long. C'est d'autant plus surprenant que Gore Verbinski, pris par une véritable frénésie "Bruckheimerienne", enchaîne les séquences à une vitesse folle, ne laissant jamais l'occasion à la situation de se poser, ni aux relations entre les personnages de se développer. On en arrive presque à un rythme de mitraillette, les séquences d'actions succédant aux gags souvent déjà vus et peu drôles, tout ça pour raconter une histoire somme toute assez rudimentaire. En fait, l'on peut se rendre rapidement compte que sous ce vernis d'artifices et de paraître, se cache une pauvreté dramatique assez déconcertante. J'en reviens à penser que Gore Verbinski n'a pas lu Horace et qu'il ne sait pas que "la force sans l'intelligence s'effondre sous sa propre masse".
Car de la force dans Jusqu'au bout du monde, il y en a. Et plus que raison. Le film est en effet une véritable démonstration d'effets spéciaux et de chorégraphies martiales. La dessus, rien à redire, ILM a parfaitement fait son office et les mises en scène des combats sont des modèles de précision. On en prend plein la vue, ça brille comme de la pacotille pour indigènes crédules et l'on serait presque tenté de tout gober sans compromis. Heureusement, de temps en temps des pierres trop mal taillées nous remettent les idées en place. Les plus grossières apparaissent vers la fin. La première se trouve être dans la révélation de la nature de Calypso. En guise de déesse, on a droit à la matérialisation d'un gigantesque siphon d’évier (en fait de Calypso, il serait plus juste de parler de Charybde, la nymphe que Zeus, pour la punir d'avoir mangé son troupeau, transforma en un tourbillon géant engloutissant les navires). Même si le rendu numérique est assez impressionnant, on était quand même en droit d'attendre plus de cette entité redoutée qui était de toutes les conversations depuis les premières minutes du film. La deuxième vient d'une absence. L'absence d'une séquence tant attendue et qui ne viendra jamais: l'affrontement entre deux flottes colossales et puissamment armées. Deux armées qui resteront, comme nous, spectateurs d'un graphiquement très réussi mais peu enthousiasmant (car déjà-vu) combat entre le Black Pearl, le Hollandais Volant et l'Endeavour. Un développement frustrant et assez incompréhensible... Bof.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Jusqu'au bout du Monde #3 [2007]
Dans Jusqu'au bout du monde, Gore Verbinski a été encore plus loin dans la démesure pyrotechnique et numérique. Une opulence d'effets, servies par plâtrées mal accommodées, qui tourne souvent à la véritable orgie génératrice d'écoeurement. En effet, le film est totalement inintéressant dans sa tenue dramatique (je ne suis même pas certains qu'il en est plus qu'un épisode du Manège Enchanté) et cette carence entraîne la mise en place de personnages transparents, des archétypes sans âmes évoluant dans un univers sans enjeux. A ce niveau là, on peut presque parler de misérabilisme dramatique. Heureusement, surnageant au milieu de cette chienlit tape-à-l'oeil, Jake Sparrow est toujours là, toujours aussi charismatique et délirant. Mais est-ce vraiment suffisant?
On a aimé
- De superbes effets spéciaux
- La chorégraphie des combats
- Jack Sparrow, toujours aussi fun
On a moins bien aimé
- Scénario faussement complexe
- Personnages sans épaisseur
- Le couple Will - Elisabeth, sans saveur
- Un climax final très décevant
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