Critique Les Veilleurs [2018]

Les Veilleurs est un roman fantastique apocalyptique de Jean-Luc Bizien sorti chez le label Naos. Classée young adult, cette œuvre est pourtant dure, plutôt mature et surtout particulièrement prenante. L’auteur nous avait habitué à du polar et sait manifestement quand couper ses chapitres pour nous laisser le souffle haletant. Construit selon une forme devenue populaire entre autres depuis Le Trône de Fer de George R. R. Martin, le roman est découpé en chapitres centrés sur un personnage en particulier. Ainsi nous découvrons des tranches de vie de différents personnages plus ou moins attachants dans un Paris sombre et ravagé.

Nous sommes dans un futur proche, Paris est victime d’un virus étrange et pour couper court à tout risque de pandémie, une immense muraille a été érigée en urgence ne laissant aucune possibilité d’évacuation. Ce virus inconnu a transformé une partie de la population en créatures dignes du mondee des ténèbres : goules affamées désorganisées et ne semblant avoir aucune conscience (à la façon d’un Walking Dead), vampires hypnotiques ne sortant que la nuit et loups-garous en meute rapides et dévastateurs. Le reste attend la contagion ou la mort caché, ce sont les Enfermés. Aucune fuite n’est possible, le reste du monde les a condamnés.

De l’autre côté de la muraille, des militaires et d ‘autres essaient de contenir le phénomène et d’éviter les évasions. Des snipers sont logés sur la muraille. Des groupes de volontaires osent même entrer dans paris : leur but est d’obtenir des informations sur les monstres et surtout de faire en sorte que les trois factions ne s’unissent pas. Ce sont les Veilleurs. Ils protègent ce qui reste de la capitale. Mais qui surveille ces Veilleurs, seuls armés et véritablement équipés dans une ville si dangereuse...

Avec des personnages nombreux tous très différents, Jean-Luc Bizien dépeint les façons de vivre une telle situation, d’aborder une vie sans issue, sans espoir. Chaque individu affronte la mort chaque jour et plus particulièrement la nuit. Plongé tour à tour dans la peau d’un gamin chef de bande, d’un sniper hors pair, d’adolescents intrépides ou d’une jeune femme enceinte, le lecteur ne peut qu’imaginer ce qu’il ferait dans cette capitale ravagée. L'auteur aborde alors des sujets plus intimes comme la peur de grandir, la solitude, la sexualité dans un monde où l'avenir n'existe plus.

Le rythme soutenu, notamment par des chapitres brefs et un style efficace font de ce roman un véritable page-turner : un jolie surprise à conseiller à tous les ados mais aussi aux adultes fans de monstres. Avec une fin très ouverte, l'auteur s'est peut-être laissé une porte ouverte pour une suite dans ce Paris inquiétant où la mort rôde à chaque carrefour.