Critique Morts [2019]

Aujourd’hui dans toutes les bonnes libraires sort le roman Morts chez les éditions Leha. Morts est un roman délirant de Philippe Tessier qui a déjà officié chez cet éditeur avec les Chroniques Hérétiques. Il est également connu par les rôlistes de France et de Navarre pour l’excellent jeu de rôle Polaris qui se passe dans un post apo sous-marin sombre et dangereux.

Morts est un roman fantastique bourré d’humour noir qui relate l’arrivée parmi les morts de Joseph, humain lamba. En un peu plus de 200 pages, Philippe Tessier crée une ambiance surprenante pour un récit original et prenant, bourré de références cinématographies, geeks et ludiques.

« Alors qu’il venait de mourir, Joseph se réveilla… »

Et le réveil est difficile. Passée la surprise de sa mort totalement inattendue, Joseph commence d’abord par repenser à sa vie. Mais comment peut-il penser alors qu’il est mort. Sa vie était plutôt pas terrible, va-t-il rater sa mort aussi ? Embourbé dans ces questions existentielles, Joseph finit par s’évanouir. Quelle loose…  A son réveil, il constate qu’il a été pris en charge par deux médecins, enfin deux squelettes qui parlent et ont l’air de savoir ce qui se passe, un certain Ambroise P. et un Claude B. On lui explique comment faire pour que son corps lui réponde. Il a de plus la particularité d’être un embaumement Baumont, ce qui fait qu’il a encore son corps entier et que celui-ci a l’air frais contrairement aux autres personnes ici qui sont squelettiques. Il est unique.

Six pieds sous terre

Beaucoup d’infos pour ce pauvre Joseph qui est envoyé auprès du leader local, le grand Charles. Celui-ci lui explique leur grand projet : les morts ont creusé un tunnel vers la surface pour  entrer en contact avec les vivants. Pas façon le jour des morts-vivants, plutôt pour entretenir des relations diplomatiques. Joseph est ainsi embarqué dans ce projet qui ne se terminera pas comme prévu. Lorsque les morts atteignent finalement la surface de la Terre, celle-ci est recouverte de cendres. L’intégralité des formes de vie a été éradiquée. Les morts arrivent ainsi par milliard et il faut gérer la plupart étant au stade de cendres… Pas facile de s’organiser. Mais surtout, la Mort elle-même fait une requête à notre héros. Si la Vie n’existe plus, la Mort n’a plus de raison d’être. Il faut donc que Joseph ramène de la vie sur Terre. Pour l’aider, il a à sa disposition les plus grands esprits que la Terre ait portés : Albert E., Nikola T., Jules V., Léonard de V… Commencent alors une quête délirante pour la Vie !

Morituri te saluant

Entre les titres de chapitres drôles et bien choisis et la galerie foisonnante de personnages célèbres, le roman est bien construit. Si l’intrigue est simple, c’est l’atmosphère qui se dégage de cette vision de l’au-delà qui fait le sel du bouquin. La gestion des morts est détaillée, rien n’est laissé au hasard et on visualise bien cette société post mortem. Par exemple, Sigmund F. aide Joseph et d’autres à gérer ce stress post-traumatique. Quel bonheur de voir Abraham L. et Winston C. discuter de questions politiques avec Olympe de G. Progressivement, la vision du monde et de notre société de Joseph est confronté à ses rencontres et discussions avec tous ses personnages. De Salvador D. à Youri G., y en a pour tous les goûts, on s’amuse beaucoup.

Pour le plaisir, quelques citations des guests célèbres de ce roman :

« Je vais en profiter pour préparer mon atelier ‘l’ascétisme après la mort’. Et après, j’ai une petite partie à disputer avec […] Gary G., Terry P., H.P.L. et J.R.R.T. »

Emmanuel K.

« Quelques coups de faucille, quelques coups de marteau, et le tour est joué. »

Karl M.

« J’avais tout d’abord songé à reproduire le Nautilus, mais ce monde manque sérieusement d’éléments liquides. »

Jules V.

« C’est fou ce que je réfléchis mieux depuis que je n’ai plus de cerveau. »

Albert E.

« Messieurs, aujourd’hui nous faisons l’Histoire, je dirais même que nous la ressuscitons ! »

Abraham L.

« Une telle désolation mériterait sans nul doute une symphonie »

Ludwig Von B.