Critique The Mandalorian [2020]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 27 mai 2022 à 09h00

This is the way

Alors que la mini-série Obi-Wan Kenobi débarque sur Disney + aujourd'hui, retour sur celle qui a ouvert la voie avec la première de The Mandalorian datant de 2019 après près de 10 ans d'attente pour qu'une série en live-action Star Wars nous soit enfin proposée.

Star Wars et la télévision c'est une drôle d'histoire d'amour débutant avec le kitchissime Au Temps de la guerre des étoiles, un téléfilm de triste mémoire produit en 1978. Ensuite, il y a des sérieux animées sur les Droïdes et Les Ewoks puis deux téléfilms en prises de vue réelles sur ces derniers ont été proposés dans les années 1980. La relation reprend pendant la Prélogie avec deux séries animées autour de la guerre des clones tandis que George Lucas essaye après La Revanche des Sith (2005) de développer une série live sur le monde de la pègre. Le projet, longtemps baptisé Star Wars : Underworld n'aboutit jamais surtout à cause de coûts de production jugés trop élevés. Puis vient Disney qui rachète la licence Star Wars en 2012 et s'interroge sur la possibilité de voir le space-opéra débarqué à la télévision. D'autres séries animées sont produites (Rebels, Resistance...) mais il faut attendre que la firme aux grandes oreilles ait l'envie d'aller chatouiller Netflix pour que les choses prennent formes. Le service de streaming Disney + est annoncé accompagné d'une série intitulée The Mandalorian confiée à Jon Favreau.

Cet homme de confiance de Disney est connu pour avoir lancé le Marvel Cinematique Universe avec Iron Man (2008) ainsi qu'avoir grandement participé aux remakes des grands films d'animations Disney via Le livre de la jungle (2016) et Le Roi Lion (2019). Il aurait approché la présidente de LucasFilm Kathleen Kennedy (productrice exécutive sur la série) en lui pitchant l'idée de la série. Il est ensuite mis en relation avec Dave Filoni qui est un des grands artisans de la saga Star Wars en chapeautant les séries The Clone Wars ou Rebels. Les deux hommes se lancent dans la production de la série avec Favreau en showrunner, producteur et scénariste épaulé par Filoni qui réalise deux épisodes et l'accompagne à la production. La première saison est ainsi filmée pendant l'année 2018 avec des réalisateurs assez connus comme Taika Waititi ou Bryce Dallas Howard pour lesquels l'acteur chilio-américain Pedro Pascal incarne un chasseur de primes Mandalorien s’engageant dans une mission qui va le changer à jamais entourés de seconds rôles suprenants comme Carl Weathers, Nick Nolte, Gina Carano ou encore Werner Herzog...

Le récit se déroule cinq ans après les événements du Retour du Jedi aux confins de la Nouvelle République. Sur la planète Nevarro, un chasseur de primes Mandalorien (Pedro Pascal) se voit confier par le chef de la Guilde des chasseurs de primes (Carl Weathers) une étrange mission. Après avoir rencontré le client (Werner Herzog) semblant travailler avec les vestiges de l'Empire, le Mandalorien apprend qu'il doit ramener une créature gardée sur une planète isolée. Sur place, après avoir lutté, notre héros se rend compte qu'il s'agit d'un enfant d'une espèce inconnue. Pendant le chemin du retour, le Mandalorien découvre que l'enfant dispose d'étranges pouvoirs liés à la Force et semble de moins en moins accepté le fait de le livrer au client. Un tiraillement qui risque de changer sa vie à jamais...

La structure narrative de cette première saison de The Mandalorian est assez particulière sur deux points à savoir des épisodes à la longueur allant de 30 à 45 minutes ainsi que le mélange entre série bouclée (épisodes pouvant être indépendants les uns des autres) et le feuilleton (où il y a une intrigue qui prend place sur plusieurs épisodes). Si le premier point ne pose aucun problème, le second est assez déroutant de prime abord. En effet, il y a égalité entre les 8 épisodes concernant ceux (ép. 1, 3, 7 et 8) se concentrant sur l'intrigue principale et ceux étant plus (ép. 2 et 4) ou moins (ép 5 et 6) des péripéties un peu déconnectées des enjeux principaux. Cela entraîne fatalement un intérêt assez inégal dont les épisodes laissant de côté l'affrontement entre le Mandalorien et ceux pour qu'il est censé travailler. Les épisodes 2 et 4 permettent néanmoins d'en apprendre plus sur l'enfant et de rencontrer le personnage de Cara Dune (Gina Carano). Ces différences s'expliquent aussi par le fait que Jon Favreau ait délégué l'écriture des deux épisodes les plus indépendants à Dave Filoni (ép. 5) et Rick Famuyiwa (ép. 6) qui en sont aussi les réalisateurs. Le reste des réalisateurs se compose de Bryce Dallas Howard (qui fait ici ses débuts avec l'ép. 4), Deborah Chow (les séries La Belle et la Bête ou Mr. Robot) sur les épisodes 3 et 7 ainsi que Taika Waititi (Thor : Ragnarok, Jojo Rabbit) sur l'épisode final.

Néanmoins l'intrigue globale et le poste de showrunner sont bien aux mains de Jon Favreau qui livre ici un véritable space western très divertissant. Le côté western se vérifie avec de nombreux décors désertiques où un héros quasiment anonyme à la Clint Eastwood, chasseur de primes évoluant parmi les hors-la-loi, va se retrouver pourchassé rencontrant différents archétypes du genre. Le personnage à protéger (l'enfant), l'ermite isolé (Nick Nolte), la déserteuse sur le qui-vive (Gina Carano), une communauté sans défense à la recherche d'un sauveur (ép. 4), le rookie traquant une prime trop importante pour lui (ép. 5) ou encore une équipe hétéroclite dans une sorte de casse (ép. 6). Et souvent dans des décors assez désertiques comme des lieux peu peuplés... Le tout avec un verni science-fiction/space opera qui nous fait voyager de planètes en planètes avec des vaisseaux spatiaux à la rencontre d’étranges aliens/créatures. Un récit aussi classique que solide qui fonctionne vraiment bien notamment en ce qui concerne les épisodes les plus rattachés à la trame globale. On est clairement dans le ton du cinéma de divertissement actuel avec des personnages charismatiques (le Mandalorien en premier sans oublier l'Enfant) qu'ils soient principaux ou secondaires, de bonnes scènes d'action bien rythmées, un humour efficace. Du pur divertissement qui fonctionne à merveille sans grosses prises de risque. On peut quand même reprocher à l'histoire d'un peu trop se reposer sur les deus ex machina pour nous surprendre.

Cette première saison tente quand même de proposer des thèmes importants comme la découverte de la parentalité via la relation entre le Mandalorien et l'Enfant. Un bouleversement face à un être souvent déroutant qui s'impose à nous en nous demandant des ajustements dans notre vie tout en nous aidant à devenir quelqu'un de meilleur. Et Star Wars oblige, la série reprend le thème de l'ambivalence entre le bien et le mal surtout dans une zone assez grise comme les confins de la galaxie. Les bons et les méchants sont une question de point de vue et l'on peut naviguer dans cette zone de gris entre les deux où les ennemis d'hier peuvent devenir les alliés de demain. Cela fonctionne car les thèmes sont bien intégrés au récit donnant à cette première saison plus de subtilité qu'il n'y paraît même si cela reste léger. D'un point de vue de fan, je dois avouer que j'aime la manière dont The Mandalorian agrandit l'univers Star Wars. Que des personnages nouveaux qui ont du vécu permettant d'en savoir plus sur eux dans la suite de la série (ou ailleurs) tout en étant bien travaillés. Bref, se prendre en pleine tête autant de nouveaux personnages, de nouvelles situations et de nouveaux lieux permet de rafraîchir une licence qui en avait bien besoin et d'entrevoir avec optimisme sa carrière dans les séries live.

Si la série fonctionne c'est aussi parce qu'ils s'agit d'une production de qualité qui aurait coûté environ 100 millions de dollars. Le seul point faible que l'on pourrait trouver sont que certains maquillages sont moins réussis (notamment les twi'leks de l'ép. 6) et que quelques incrustations numériques paraissent parfois grossières. Mais pour le reste, la direction artistique tient clairement la route avec l'utilisation de couleurs plutôt prononcées où le gris comme le marron prédominent. La photographie a été confiée à deux hommes dont Greig Fraser dont on reconnaît l'approche après l'avoir vu à l'oeuvre sur Rogue One. Au niveau des effets-spéciaux, une approche intéressante est utilisée à savoir créer des environnements via un moteur de jeu vidéo, l'Unreal Engine, avec une projection sur des écrans délimitant le plateau prenant la forme d'un dome permettant de créer de beaux panoramas qui sont ensuite retravaillés par ILM. Pour ce qui est des environnements, des créatures, des vaisseaux et des décors, on est clairement dans du bon space-opera qui nous fera voyager avec cette patte Star Wars qu'on aime tant. Une série que tous les amoureux du genre se doivent de regarder tant elle peut aussi s'apprécier sans forcément connaître la saga par cœur. On remarque par ailleurs que l'épisode 5 se repose beaucoup trop sur du fan-service et déçoit assez.

Au niveau de la réalisation, on a aussi affaire à de la qualité où l'on va chercher au-delà du fonctionnel afin de proposer des plans souvent clinquants certes mais toujours très efficaces. Bref, la grammaire du cinéma de divertissement fonctionne à plein régime et les réalisateurs réussissent parfois à tirer leur épingle du jeu. Bryce Dallas Howard manie bien les émotions des personnages tandis que Deborah Show propose de belles scènes d'action. Rick Famuyiwa se fait plaisir dans son épisode mélangeant le film de casse et celui de gangster avec un très bon rythme. Mais c'est Taika Waititi qui emporte la palme avec le dernier épisode où l'on apprécie son travail sur la symétrie au sein des plans comme sa facilité à intégrer un humour efficace au sein de l'action. Pour ce qui est de l’interprétation, Pedro Pascal (Le trône de fer, Narcos...) n'a pas la tâche facile car on ne voit jamais son visage et sa voix est trafiquée. Néanmoins il sait se montrer aussi implacable qu'humain et retranscrit bien les émotions du Mandalorien par sa gestuelle. A ses côtés, Nick Nolte double magnifiquement l'alien Kuiil le rendant terriblement attachant. Gina Carano (Haywire, Deadpool...) est charismatique en ancienne membre des forces spéciales rebelles faisant parler son physique d'ancienne combattante. Quant à Carl Weathers (Rocky, Predator...) et Werner Herzog (Metalocalypse, Jack Reacher...), ils font parler leur classe et leur expérience. Enfin, l'interprétation est de qualité aussi car on retrouve des acteurs tels que Ming-Na Wen, Natalia Tena, Clancy Brown, Richard Ayoade ou Taika Waititi...

Ceux ayant vu la série me reprocheront peut-être de ne pas avoir assez parler de l'Enfant et de son identité mais je ne souhaitais pas trop spoiler là-dessus pour ceux qui lisent ces lignes sans avoir vu la série étant donné que c'était alors son secret le mieux gardé...

La conclusion de à propos de la Série Télé : The Mandalorian [2020]

Auteur Bastien L.
75

The Mandalorian n'est certes pas extraordinaire mais sa première saison est de qualité. Un divertissement mené tambour battant qui se déguste avec énormément de plaisir malgré une intrigue faisant trop la part belle aux péripéties et une qualité inégale selon les épisodes. Néanmoins, elle offre du space western de qualité avec des personnages réussis, une ambiance prenante, un casting impeccable ainsi que des qualités artistiques comme techniques très solides. Une saison faîtes par des fans de Star Wars qui élargissent les possibilités de son univers en le respectant permettant autant aux fans qu'aux néophytes de s'y retrouver.

On a aimé

  • Un divertissement de haute-volée
  • Des personnages très attachants
  • Agrandit comme il faut la galaxie Star Wars

On a moins bien aimé

  • Qualité inégale des épisodes
  • Certaines péripéties prenant trop de place par rapport à l'intrigue globale
  • Un produit très calibré

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