Critique Batman Silence [2010]

Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 28 novembre 2024 à 09h00

Hush Hush Sweet Batman

C'est un fait, Batman Silence est souvent mis en avant comme une des portes d'entrée les plus efficaces vers les aventures de papier du Chevalier Noir voir des comics en général. On va donc essayer de comprendre pourquoi...

Très concrètement, Batman Silence est un arc de la série régulière Batman paru entre l'automne 2002 et l'automne 2003 aux Etats-Unis en douze numéros. Ce n'est donc qu'une aventure parmi les centaines qui existent au sein d'une série qui dura quand même de 1940 à 2011 date du premier de ses relaunch. L'arc est l’œuvre du scénariste américain Jeph Loeb qui retourne ainsi dans l'univers du Chevalier Noir après avoir créé les séries limitées Un long Halloween et Amère Victoire aux prestigieuses renommées. Deux séries qu'il avait créé avec le dessinateur Tim Sale qui est néanmoins ici remplacé par Jim Lee. Le dessinateur américano-coréen jouit aussi d'une excellente réputation après des années 1990 flamboyantes où il triompha sur les X-Men, avec Chris Claremont, avant de participer à la création de WildStorm Productions comme de Image Comics. Le début des années 2000 marque pour lui son intégration complète au sein de l'écurie DC Comics (créatrice et propriétaire de la licence Batman) dont Silence est un jalon important. La parution française de l'arc est digne du boxon qu'a entraîné le voyage des droits d'exploitation avec d'abord une parution en trois parties chez Semic entre 2004 et 2005 puis un intégrale par Panini en 2010 avant qu'Urban Comics propose le sien en 2013. Il est aussi à noter que Batman Silence fit partie des récits complets édités à 5 euros par Urban durant l'été 2020 afin de redonner un coup de pouce à l'éditeur touché par la crise du Covid-19. Cette critique est faîte à partir de cette édition.

 

L'histoire débute alors que Batman est en train de secourir l'enfant d'un riche industriel enlevé par Killer Croc ce qui ne correspond pourtant pas aux habitudes de ce dernier. Alors que Batman et Croc se battent, la mallette contenant une rançon est volée par Catwoman immédiatement poursuivie par le Chevalier Noir. Ce dernier voit malheureusement le fil de son grappin sectionné et fait une très mauvaise chute dans les bas-fond de Gotham l'empêchant de voir Catwoman remettre la mallette à Poison Ivy qui ensuite la remet à un étrange homme dont la tête est recouverte de bandages. Alors que Batman est inconscient donc la proie d'un gang violent, il est sauvé par Huntress guidée par Oracle qui réussit à rapatrier notre héros auprès d'Alfred. Néanmoins, le fidèle majordome reconnaît qu'il ne peut sauver son protégé, Batman lui transmet en morse le nom de Thomas Elliot ancien ami d'enfance de Bruce Wayne devenu un des plus grands chirurgiens qui soient. Après avoir simulé un accident de voiture dont Wayne aurait été victime, il est sauvé par son ancien ami qui souhaite ensuite garder contact avec lui. En parallèle, Batman va continuer à enquêter sur les étranges agissements de Killer Croc (sous la supervision assez pressente d'Amanda Waller) aux côté de Catwoman qui veut se venger de Poison Ivy. Cela va réveiller l'attirance latente entre les deux héros masqués qui vont devoir poursuivre leur enquête à Metropolis alors qu'ils comprennent que quelqu'un est bien en train de tirer les ficelles dans l'ombre...

Si Batman Silence est souvent conseillé c'est évidemment parce qu'il s'agit d'une réussite sur de nombreux points. Tout d'abord son intrigue est plutôt bien ficelée lançant Bruce Wayne/Batman sur la piste d'un mystérieux adversaire dans un récit très bien rythmé avec de nombreuses scènes d'action comme de rencontres. Cela permet de constamment éveiller notre intérêt avec des bastons assez brutales où les coups font mal et le sang coule. En lisant le synopsis, vous avez constaté le nombre assez importants d'alliés comme d'ennemis de Batman tout en en devinant d'autres... Sachez que Jeph Loeb s'est fait plaisir avec des apparitions savament distillées et maîtrisées d'alliés comme d'ennemis qu'ils soient très attendus (Metropolis vous avez dit ?) comme beaucoup plus surprenants. L'aspect enquêtes et développement des relations entre Batman/Wayne et ses alliés ou adversaires sont très bien dosés par rapport aux scènes d'action permettant de divertir sans jamais ennuyer. Et ce malgré la profusion de personnages qui est bien digérée car le récit est surtout narrée par Batman dont on suit les pensées du début à la fin. C'est un pas important vers l'accessibilité de ce récit car le super-héros fait toujours le point d’où il en est de ses relations avec chaque personnage. Mais c'est peut-être le plus gros défaut de cet arc car ses monologues intérieurs sont parfois un peu longuets mais surtout assez abscons dans le sens où notre héros semble présenter dans sa tête chaque personne qu'il croise comme s'il souffrait d'amnésie...

 

L'autre défaut à mes yeux est finalement la révélation finale sur l'identité du mystérieux ennemi en coulisse, nommé Silence. Un vrai jeu de fausses pistes s'installe de manière très efficace et son identité n'est pas si aisée à deviner mais se sont ses motivations qui tâchent. Un peu le syndrome du « tout ça pour ça » assez décevant. Bref, ce n'est pas tant la destination qui importe dans Batman Silence mais plus le voyage... Un voyage qui a un peu des allures de best of de l'univers Batman mais aussi DC Comics pour bien démontrer l'univers partagé entre tous les grands héros maison. Mais bien mélangé avec une touche d'originalité via justement les machinations de Silence qui vont réveiller des rancœurs mais aussi des souvenirs chez notre héros. Et on le sait, ce qui intéresse le plus les personnes travaillant sur Batman sont bien sûr sa psyché d'enfant traumatisé se déguisant pour combattre le crime. Dans Silence, Bruce Wayne / Batman va une nouvelle fois se sentir seul alors qu'il est plus entouré que jamais puisque chaque personne qu'il rencontre sera comme un miroir de son passé, ses réussites, ses échecs ect... On apprécie autant le voir si puissant, le voir assez heureux dans sa possible relation avec Catwoman ou à perdre pied face à certains ennemis. Un voyage physiquement et émotionnellement éprouvant pour notre plus grand plaisir. Batman Silence est effectivement un des incontournables quand on s'intéresse à la carrière du Chevalier Noir.

Un statut que l’œuvre doit aussi aux dessins absolument sublimes de Jim Lee. L'homme est un grand monsieur du monde des comics depuis le début des années 1990 et il le prouve ici admirablement. On sent une réelle application comme un plaisir non feint de sa part de donner vie aux histoires de Jeph Loeb. Notamment en ce qui concerne les apparitions des différents personnages à l'image d'abord de Batman qui met quelques pages à enfin apparaître pleinement alors qu'on le suit depuis le début. Chaque apparition est marquante et Jim Lee maîtrise sans aucun soucis tous ses personnages. Les hommes et les femmes sont gaulés comme des dieux avec des physiques irréels qui fonctionnent pourtant parfaitement. On apprécie aussi le soin apporter aux détails comme aux environnements dont les arrières-plans révèlent souvent des indices utiles au scénario ou simplement du fan service comme ce plan incroyable sur la collection de Batmobiles du héros. L'artiste nous propose aussi des pleines et double-pages qui ont fait date. Son traitement de l'action très dynamique fonctionne parfaitement offrant des combats aux chorégraphies et à la violence dantesque. Son idée de dédoubler les personnages sur la même case pour suivre le cheminement de leurs actions fonctionne à merveille. Les lecteurs actuels pourrait surtout y voir du classique extrêmement bien exécuté mais c'est parce que Jim Lee est devenu « classique ». Il offre néanmoins quelques variations très réussies lors des flash-backs racontant l'amitié enfantine entre Bruce Wayne et Thomas Elliot en claire-obscur et des passages bicolores. La coloration de Alex Sinclair est aussi d'une grande efficacité participant grandement à la beauté et la lisibilité de l'ensemble.

On vous le conseille si vous aimez The Dark Knight Returns, Batman, la série animée, Terreurs Nocturnes...

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : Batman Silence [2010]

Auteur Bastien L.
82

Batman Silence est effectivement un incontournable si vous vous intéressez à la carrière du Chevalier Noir ou que vous voulez comprendre ce que sont les comics américain de super-héros. Une porte d'entrée très plaisante, divertissante et bien rythmée, sur l'univers d'un personnage iconique. Le tout dessiné d'une main de maître par Jim Lee.

Dernières critiques de Bastien L.
Critiques de BD de Bastien L.

On a aimé

  • Une histoire tellement bien rythmée et pourtant si riche
  • Le côté best of Batman
  • Les dessins de Jim Lee absolument sublimes

On a moins bien aimé

  • Une fin un peu décevante
  • Les monologues intériers de Batman
  • Ca part parfois dans tous le sens
► la Bande Dessinée Batman Silence
► L'oeuvre Batman

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