Critique Le grimoire glouton #1 [2019]

Dans la grande ville cosmopolite de Kompiam Nuwan est un jeune commis marmiton sous les ordres du très réputé chef de cuisine Rumbopöh employé à la grande maison du mage Waïwo . Le mage dispose trois élèves seulement qu’il instruit à la magie, dont le belle et ravissante Lerëh. Celle-ci prend Nuwan sous son aile, bien décidée à lui apprendre à lire et à écrire.

Quand-à ce dernier, il rêve d’être le quatrième élève et le premier mage cuisinier. Danthrakon, le plus grand grimoire magique de tous les temps est fraichement acquis par Waïwo qui met ses élèves à contribution, sur les tâches les plus simples, répétitives et ennuyeuses, pour parvenir à le déchiffrer. Mais ce grimoire qui semble avoir une identité propre, est désiré et recherché par de nombreuses personnes qui parfois sont prêtes au pire pour lui mettre la main dessus…

Le scénario de Christophe Arleston nous met l’eau à la bouche, au sens premier, avec son marmiton et son chef cuisinier qui livrent des mets exquis et réputés dans toute la ville, mais également, dans le sens de la narration, avec un maintien en haleine qui aguiche notre curiosité. Dans ce premier tome, il pause avec talent le cadre d'un monde médiéval fantastique empreint de magie et aux étranges habitants. On sent toute la saveur de ses techniques culinaires avec son scénario à l’intrigue recherchée et épicé d’humour qu'il distille de façon éparse.

Les dessins d’Olivier G. Boiscommun sont fluides, gracieux et aux lignes épurées. Ils décrivent bien le monde et les bâtiments avec de nombreux détails suggérés plus que dessinés. Les habitants ont fait l’objet de recherches qui ont donné des personnages très réussis. Le coloriste Claude Guth reste dans les tons pastels et appuie le côté fantasy à l’ensemble.

On retrouve toute l’effervescence et la naïveté du nouvel et jeune héros dans Nuwan, auquel on s'attache ainsi qu'à la belle et fougeuse Lerëh. On découvre avec entrain les six races différentes peuplant Kompiam : les hommes, les kohatolas sortes de homme-batraciens dont le chef cuisiner du héros, les bursus sont des hommes-plantigrades très puissants physiquement, les nabires sont des dragonidés querelleurs et intrigants, les mandrioles sont des espèces d’hommes-serpents à mauvaise vue comme le mage Waïwo et pour finir les kobls sont des mi-hommes mi-rongeurs de taille plus petite que les humains et parfois bien plus petite qui sont doués pour la communication et les chiffres en faisant d’excellents commerçants.

Un cahier graphique des essais de dessins en noir et blanc des personnages ou de la couvertures commentés par Christophe Arleston complète l'ouvrage, de belle façon et fournissent un contenu exclusive à cette première édition.

Cette BD bien rythmée est la promesse d’une nouvelle grande saga en trois tomes, dont Christophe Arleston à les secrets, qu'il nous dévoile bouchée après bouchée comme tout bon plat qui se savoure lentement et avec amour. Tout est parfaitement maîtrisé de l’intrigue, aux personnages en passant par les dessins pour nous servir un repas exquis, riche et copieux.