Critique Deathwatch [2011]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 14 octobre 2011 à 16h00
Bercé par le chant des Bolters lourds
Troisième jeu de rôle exploitant la licence Warhammer 40 000, Deathwatch est certainement celui qui fut le plus impatiemment attendu par la fanbase. En effet, même si les deux premiers, Dark Heresy et Rogue Trader, sont des incontestables réussites - ils permettent la mise en place de séances de jeu bien intéressantes, et, finalement, sont très riches en possibilités -, force est de dire qu’ils ne sont pas vraiment représentatifs de l’âme de l’univers créé par Games Workshop (Dark Heresy vous amène dans l’univers de l’enquête horrifique, alors que Rogue Trader vous embarque pour des séances de space opera et planet opera très aventureux). Car comme le dit si bien l’accroche du jeu à figurines, «Au 41e millénaire, il n’y a que la guerre». Et les héros de cette guerre, les symboles de cette lutte acharnée, sont les célèbres space marines. Il suffit d’ailleurs d’étudier un tant soit peu l’imagerie élaborée par l’éditeur tout au long de ces deux dernières décennies pour se convaincre de l’importance de ce corps d’élite au sein de la gamme.
Les space marines sont des hommes génétiquement modifiés, cela afin de satisfaire aux exigences des combats contre les xenos et autres créatures perverties par le Chaos. Transformés via l’implantation de prothèses et de greffes organiques (prélevées directement sur le corps de l’Empereur selon des procédés mêlant rites religieux et technologie avancée), ces soldats boostés bénéficient également des meilleurs armements disponibles et d’armures de protections quasi indestructibles (du moins quand elles sont frappées par des armes conventionnelles). Ce prestigieux corps de l’Adeptus Astartes est organisé en chapitres, qui sont autant d’ordres militaires et religieux et qui se différencient entre eux par des spécificités découlant de la nature de leur créateur (le primarque) et de leurs mondes d’origine. Néanmoins, si l’on peut trouver des différences de comportement quand l’on compare, par exemple, un Space Wolf et un Blood Angel, tous deux - comme tous les autres - affichent deux gros points communs: leur attachement fanatique à l’Empereur et un infaillible sens du devoir (les Space Marines, durant leur formation, subissent également un conditionnement neuro-psychologique qui a tendance à les transformer en individus psychorigides).
Pour résumer, on dira que les Space Marines sont des machines à tuer dotées de capacités d’analyses hors normes, principalement dans le domaine militaire. Ils représentent le bras armé de l’Imperium, bien plus que les troupes impériales, qui sont plus attachées à une planète ou un système particulier. Un Space Marine ne dispose pas de libre arbitre, n’a pas de vie privée, ne boit pas, ne fume pas. Un Space Marine s’entraine, prie ou extermine. Son existence se résume à cela. On imagine donc bien tous les questionnements qu’ont dû se poser les auteurs lorsqu’est venu le moment de lancer le projet d’un jeu de rôle exploitant ce type de personnage. En effet, s’il est très amusant (et efficace!) d’user de Space Marines lors d’une partie de jeu à figurines, force est de dire qu’interpréter un personnage aussi formaté dans une partie de jeu de rôle présente un intérêt discutable. Déjà que nombre de ses détracteurs trouvent bourrin (et fascisant) l’univers général de Warhammer 40000, là, pour le coup, Games Workshop risquait carrément de leur donner raison. Pour palier à ce problème, les auteurs ont alors eu une idée géniale: l'utilisation de la mystérieuse Deathwatch!
La Deathwatch n’est pas vraiment un chapitre de Space Marines. Ses membres, triés sur le volet, sont des vétérans originaires de différents Chapitres. Ils représentent donc, en quelque sorte, la crème de la crème. Pour la conception de ce livre de base, les auteurs ont choisi six Chapitres: Blood Angels, Black Templars, Space Wolf, Dark Angels, Storm Wardens et Ultramarines. Chaque chapitre ayant ses spécificités (philosophique, psychiques, morphologiques et techniques), cela entraine que chaque personnage créé, en fonction de son origine, pourra bénéficier de spécialités qui ne seront peut-être pas accessibles à d’autres. Un aspect, très intéressant, qui va amener les joueurs à se consulter lors de la phase de création, afin de composer un groupe efficace, capable d’affronter toutes les situations. Ce système va également permettre un bon renouvellement dans la composition des groupes, notamment quand de nouveaux chapitres seront introduits à travers les futurs suppléments (j’en profite d’ailleurs pour dire ma déception de ne pas voir dans la liste des six premiers heureux élus le chapitre des Soeurs de Bataille, qui au-delà du fait qu’il est l’un des plus passionnants et originaux, était apte à satisfaire les joueuses). Avec un tel mélange, on pourra également voir naitre des rapports au sein du groupe, quand des joueurs interpréteront des Space Marines originaires de chapitres «rivaux»... ce qui donnera de bonnes occasions de roleplay. Un aspect encouragé par l’approche des auteurs, qui se sont basés sur les Space Marines décrits dans les romans, psychologiquement plus «subtils» que ceux du jeu à figurines.
Les missions confiées aux escouades Deathwatch seront celles réservées aux unités d’élite; infiltration, désinfection et assassinats. Il y en a donc pour tous les gouts, et tous les styles de jeu (attention, quelque soit le scénario choisi, cela restera quand même bien musclé, on reste dans l’esprit Warhammer 40000, où la force fait loi). Le système de règle est principalement axé, bien entendu, sur la simulation de situations conflictuelles, pris dans son sens large. Dans son fonctionnement général, il est identique à celui de Dark Heresy et Rogue Trader et l'on peut donc marier sans problème les différents jeux et les personnages (un système d’ajustement de XP est utilisé pour bien marquer la supériorité des Space Marines, par exemple, un Space Marine débutant est équivalent d’un personnage de Dark Heresy ayant un capital de 12000 points d’expérience!). Aussi, si vous désirez en savoir plus sur le système (très inspiré du jeu à figurines), je vous renvoie donc à mes critiques de Dark Heresy et Rogue Trader.
Le livre de base (400 pages) affiche ce niveau de luxe qui fait la réputation de la gamme (on notera le bon travail de traduction de l’équipe de La Bibliothèque Interdite) et se décompose en plusieurs sections, dans un découpage identique à ceux des livres Dark Heresy et Rogue Trader. Il contient tout le nécessaire pour jouer, y compris un excellent scénario pour personnages débutants. Il est bon de signaler toutefois que Deathwatch s’adresse plutôt aux meneurs de jeu ayant une bonne connaissance du fluff de Warhammer 40000. La partie background est en effet assez succincte (si on la compare à la richesse de l’univers), et se concentre essentiellement sur la description des chapitres (philosophie de l’Adeptus Astartes, système de sélection des postulants, processus de transformation, etc.) et du secteur de la galaxy dans lequel vont débuter les joueurs. De fait, si sa lecture suffit pour la création du personnage et la maitrise de scénarii, elle ne nous apprend pas grand chose sur le Quarantième millénaire et l’Imperium. Par contre, Deathwatch, en plus de la description du système de jeu, contient tout le nécéssaire pour personnaliser un Space Marine, avec la présence de gros chapitres sur l’armement, les pouvoirs psychiques et les modifications biomécaniques (au total, plus de 60 pages).
Pour ce qui est du contexte, Deathwatch se concentre sur L’étendue de Jericho, qui servira de zone de départ aux personnages débutants. 36 pages riches en informations consacrée à la description d’un secteur de la galaxie encore très instable, sujet aux intrusions xenos (Tau et Tyrannides, grossièrement décrits dans ce livre), en partie pervertie par le Chaos, et dans lequel se déroule une laborieuse Croisade (Achilus). Le scénario Extraction (15 pages, quand même!), qui voit les PJs chargés de récupérer des données dans une zone envahie par les tyrannides est une excellente mise en bouche qui se déroule dans ce secteur de L’étendue de Jericho.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Jeu de rôle : Deathwatch [2011]
Deathwatch était un jeu aussi attendu que redouté. En effet, nombre de fans se demandaient comment les auteurs allaient pouvoir rendre intéressants, dans un cadre JDR, des personnages aussi formatés. Ces derniers ont trouvé la solution en se basant sur les Space Marines des romans, qui sont plus «subtils» que ceux du jeu à figurines, et en utilisant une unité d’élite qui amène plus de variété, tant au sein du même groupe de joueurs que dans la nature des missions - qui sans atteindre le niveau d’interet de Dark Heresy et surtout Rogue Trader (le plus versatile), peuvent éviter le piège du «gros-billisme». La mécanique de simulation, déjà bien éprouvée à travers les précédents jeux de rôle de la gamme, simple et efficace, colle de nouveau parfaitement à l’ambiance. Par contre, c’est à nouveau un jeu de rôle qui s’adresse plutôt aux fans, l’aspect background (avec des adversaires aux descriptions survolées) n’étant pas le point fort de ce livre de base, hormis le très intéressant chapitre sur L’étendue de Jericho.
On a aimé
- Un système de règle éprouvé et efficace
- Une approche réussie
- Un livre riche en contenu et en précisions techniques
- Compatibilité avec Dark Heresy et Rogue Trader.
- Description d’un secteur complet
On a moins bien aimé
- Un jeu plutôt destiné aux fans.
- Des ennemis brievement décrits.
- Le JdR le moins riche de la gamme
Acheter le Jeu de rôle Deathwatch en un clic
Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Deathwatch sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.
Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux
Critiques liées
-
Warhammer 40.000 : Space Marine [2011]
par Bastien L. | Lecture : 8 mn 8
A mort les orcs de l'espace ! : Ce titre purement action de la licence Warhammer 40 000 s'avère aussi classique que solide en tant que TPS. Les fans seront ravis …
-
Conquest : Le Grand Dévoreur
par Christophe H. | Lecture : 2 mn 45
Le 8ème passager : Les joueurs l'attendaient depuis quelques mois, Le grand Dévoreur est arrivé et permet donc un renouvellement du jeu par l’apport …
-
Warhammer 40 000 : Conquest [2014]
par Christophe H. | Lecture : 6 mn 49
Le bolter, c'est bien, le bolter lourd, c'est mieux ! : Conquest reprend une formule qui fonctionne déjà chez FFG/Edge à savoir le JCE à licence. On peut affirmer, pour l'instant, que ce…
-
L'hérésie d'Horus
par Nicolas L. | Lecture : 8 mn 35
L'avenir de l'Humanité : Si les fans des produits Games Workshop risquent, de prime abord, d'être fort surpris par le système de l'Hérésie d'Horus (ici, pa…
-
Ascension
par Nicolas L. | Lecture : 6 mn 27
Supplément exaltant pour joueurs chevronnés : Fortement attendu par les joueurs de Dark Heresy les plus assidus, Ascension ne déçoit pas. Douze nouvelles carrières qui renouvel…
-
Ultramarines
par Nicolas L. | Lecture : 7 mn 13
Une première mission a demi-réussie : C'est une évidence, Ultramarines est une oeuvre trop perfectible pour arriver à séduire d'autres spectateurs que les fans de l'uni…
-
Kit du meneur
par Nicolas L. | Lecture : 2 mn 22
Dans l’espace... : Doté d’un bel écran et d’un scénario très intéressant, le Kit du meneur de jeu se trouve être un intéressant investissement. Si l…
-
Space Hulk
par Benoît F. | Lecture : 9 mn 36
BLIPS, BLIPS... : L’année 2009 fut riche en jeux de ce type. Claustrophobia et la réédition de Space Hulk marquèrent le retour en force des jeux de …
-
Série Batailles de l'Astartes: le monde de Rynn
par Nicolas L. | Lecture : 5 mn 23
Première bataille, première réussite : Si tous les autres ouvrages de la collection Les batailles de l'Astartes sont du niveau du Monde de Rynn, nul doute que cette séri…
-
Space Hulk: Death Angel - Le jeu de cartes
par Nicolas L. | Lecture : 9 mn 10
CONTAAAAACT !!! : Un thème très fort qui va assurément plaire aux fans de l’univers, un peu de tactique, beaucoup de hasard, des parties très rudes …
-
Rogue Trader
par Nicolas L. | Lecture : 16 mn 31
LES AVENTURIERS DU 41eme MILLENAIRE : Si Rogue Trader se rapproche de Dark Heresy par les règles et son univers, il en est tout autrement si l’on considère le style de …
-
La prophétie Eldar
par Nicolas L. | Lecture : 4 mn 44
Kaelor, le vaisseau-monde... : Un roman ayant pour sujet la fascinante civilisation eldar était si attendu par les fans que, à la vue du résultat, ces derniers n…
-
Chroniques de l'Hérésie
par Nicolas L. | Lecture : 4 mn 5
Tranches de vie bien saignantes : Les chroniques de l’Hérésie est un recueil de sept nouvelles de qualité. Cet ouvrage a l’avantage de présenter une vue générale de…
-
Dawn of War II
par Nicolas W. | Lecture : 11 mn 28
Un coup de Marteau Tonnerre sur le jeu de stratégie : En définitive, Dawn of War II est une énorme et excellente surprise de Relic, qui a remis tout en question de son premier volet p…
-
Dark Heresy
par Nicolas L. | Lecture : 13 mn 28
Bienvenue dans le 41ème Millénaire : Dark Heresy est avant toutes choses un produit pour fans, mais c’est aussi un excellent jeu. Son hermétisme peut le présenter aux …
-
Warhammer 40000 V5
par Nicolas L. | Lecture : 4 mn 47
Pour la gloire de l'Imperium : Cette cinquième édition de Warhammer 40K est une réussite. Elle ne révolutionne pas le système de jeu, mais résout pas mal de prob…
-
La Croisade des Damnés
par David Q. | Lecture : 1 mn 40
A prendre ou à laisser : Une BD sombre sur les horreurs de la guerre à grande échelle qui ne plaira pas à tout le monde. Les connaisseurs de l'univers Warh…
-
Apocalypse
par Nicolas L. | Lecture : 5 mn 33
La guerre magnifiée selon Games Workshop : Pour conclure, car il le faut bien, je dirais qu’Apocalypse est un supplément qui permet de mettre en place de colossales bastons …
-
Paroles de Sang
par Nicolas L. | Lecture : 7 mn 48
Regards multiples sur Warhammer 40000 : Le principal argument de Paroles de Sang est qu’il réunit en un seul ouvrage de nombreux aspects que l’on peut trouver en arpatant…
-
Série Ragnar: Space Wolf
par Nicolas L. | Lecture : 2 mn 40
Quand les Loups de Fenris se mettent en marche… : Space Wolf, premier tome de cette nouvelle série consacré à ce chapitre de Space Marines, est un ouvrage très intéressant. Surpren…
-
Série Fantômes de Gaunt, Cycle Premier, La Fondation: Premier et Unique
par Nicolas L. | Lecture : 3 mn 45
Au cœur des Fantômes… : Premier et Unique est un très bon roman traitant de l’univers de Warhammer. Très violent, il présente toutefois un autre aspect, p…
-
Serie Dark Angels: Les Anges des Ténèbres
par Nicolas L. | Lecture : 3 mn 43
Gloire au Lion ! : Les Anges des Ténèbres est d’une lecture indispensables à tous les fans de l’univers de Warhammer 40 000. Les autres y trouveront …
-
Codex Tau
par Nicolas L. | Lecture : 2 mn 25
Un coup de neuf sur l’armée du Bien : Même si je persiste à dire que l’Empire Tau est la race la moins intéressante de Warhammer 40 000, je dois aussi admettre que les …
-
Warhammer 40000 4ème édition
par Nicolas L. | Lecture : 6 mn 17
Un futur peu reluisant mais vachement fun… : Warhammer 40K est un excellent jeu qui de plus met à la disposition des fans une multitude d’informations qui étoffe de manière im…