Critique Un Nouvel Espoir Episode 4 [1977]

Avis critique rédigé par Christophe B. le dimanche 4 juillet 2004 à 04h37

Une épopée spatiale

La genèse
Les années 70 : Georges Lucas, tout juste sorti d'une prestigieuse université avec son diplôme de cinéaste en poche, à un rêve : mettre en image « Flash Gordon ». Manque de chance, les droits ont déjà été obtenus par un autre (Dino De Laurentiis), et puis de toute façon, le prix d'une telle acquisition aurait été trop énorme pour le jeune homme. Il décide donc de créer de toute pièce sa propre histoire d'aventure spatiale. « Star Wars » va voir le jour.
Lucas pose les premières bases de l'histoire en janvier 1973. Depuis cette date, cinq jours par semaine et huit heures par jours, le cinéaste va créer le film qui sera considéré comme un véritable coup de tonnerre dans l'univers de la science-fiction et qui va donner ses lettres de noblesse au Space Opéra cinématographique. L'écriture va se poursuivre jusqu'en mars 1976, date à laquelle le tournage commence. Et encore, même durant la réalisation du film, Lucas continue à réécrire des pages entières de son scénario.
Mais avant que « Star Wars » ne prenne vie sur les écrans, Lucas aura dû faire face à l'incompréhension et à la frilosité financière des studios. Quand il présente son script, les décideurs font la moue, la science-fiction n'est plus à la mode, il va donc falloir convaincre d'une autre manière. S'agissant d'un univers totalement inédit, Lucas trouve l'idée géniale qui donnera aux décisionnaires des studios une image tangible de ce qui sera visible à l'écran. En effet, comment décrire à une horde d'hommes d'affaire ce qu'est un Wookie, un combat de sabre laser ou un passage en hyper propulsion… Il engage donc Mc Quarry, un dessinateur de talent pour faire quelques dessins des scènes principales du film. Les décideurs sont emballés. Lucas peut s'atteler à la pré-production du film.
L'histoire de « Star Wars » elle parle de quoi au fait ?
C'est l'histoire d'un garçon de ferme qui, sur une planète lointaine, décide de quitter son petit monde pour affronter son destin aux confins de la galaxie. C'est l'histoire d'une grande bataille dans l'espace, avec des pistolets et des épées à rayons laser, des poursuites de vaisseaux spatiaux. C'est l'histoire de la relation entre un vieil homme et un adolescent entre lesquels s'instaure une relation de maître à élève. C'est l'histoire d'une princesse à sauver, mais pas une demoiselle passive devant les évènements, c'est l'histoire d'une princesse combattante. C'est l'épopée racontant l'initiation d'un héros à travers les épreuves qu'il aura à surmonter lors de sa quête.
« …De nos jours les enfants n'ont plus accès au merveilleux, à l'imaginaire. Tous les films qu'ils voient mettent l'accent sur des catastrophes, l'angoisse et la violence, le tout traité sur le mode réaliste... » Georges Lucas.
Cette déclaration date de 1977 et elle garde aujourd'hui encore toute sa réalité. Depuis le début des années soixante et la fin des grands westerns, les jeunes n'avaient accès à aucun espace mythologique, le combat des forces du bien contre celles du mal était devenu désuet. Lucas veut restaurer l'image du héros, ces derniers étant devenus en ce début des années soixante-dix, des anti-héros du style flics revanchards façon Clint Eastwood ou Charles Bronson. Il décide donc d'offrir aux enfants une histoire optimiste dans un univers onirique, un véritable conte de fées.
« Star Wars » c'est avant tout un mélange des genres, transposés dans un espace temps imprécis : Un conte de fée, une épopée épique, tenant à la fois du western, de la science fiction, de l'héroïc-fantasy, du film de Samouraï, du film historique ou de cape et d'épée, le tout saupoudré d'exotisme et même d'une pincée de mélodrame. « Star Wars » s'inspire, ou plus exactement rend hommage, à tous ces genres en une véritable bande dessinée cinématographique pleine de bruit et de fureur, de combats d'engins interplanétaires, de poursuites échevelées.
Space Fantasy
Le mot à été lancé à plusieurs reprises : conte de fées. Tout est codé et simplifié dans « Star Wars ». Le gentil représente le bien, la pureté, il est habillé de blanc, c'est Luke Skywalker ou la princesse Leïa. Le méchant représente le mal, il est habillé de noir, c'est Darth Vader (ou d'effets militaires rappelant les pires moments de l'histoire, c'est le Grand Moff Tarkin). Han Solo le contrebandier au grand cœur est habillé en noir et blanc, normal, il à quelques bêtises à se reprocher… Les créatures extra-terrestres relèvent plus ou moins de l'univers des lutins inoffensifs. Ce qui ne les empêchent pas d'être parfois extrêmement hargneuse. Elles ont toujours cette caractéristique d'être tout à la fois ridicules ou menaçantes, mais jamais vraiment « horribles à faire peur ». Mais ne caricaturons pas, simplicité ne veut pas dire simplisme. Darth Vader, par exemple, ce méchant qui malgré tout nous est montré sous un aspect fascinant autant qu'effrayant, troublant, inquiétant, inspirant un attrait quasi magnétique.
Au final, « Star Wars » synthétise des siècles de légendes, des décennies de culture rock, de serials, de bandes dessinées. Le récit universel qui nous est comté, les énergies qui s'y opposent et les sentiments qui s'y développent confèrent au film sa véritable force.
Ce film constitue un virage définitif dans l'histoire de la science-fiction cinématographique. Une étape si importante que la plupart des films « spatiaux » ultérieurs s'en inspirent très largement, plus ou moins volontairement, ne serait-ce que dans la manière de cadrer les vaisseaux spatiaux.
Des effets spéciaux novateurs
Parlons-en quelques instant des effets spéciaux. Jamais on en avait vu autant à l'écran auparavant. Même le « 2001 » de Kubrick est dépassé. Tout commence par une rencontre. Pour monter son équipe Lucas contacte Douglas Trumbull, responsable des effets spéciaux sur « 2001 » justement. Mais celui-ci refuse de faire le film pour des raisons d'emploi du temps. En revanche il propose à Lucas de donner sa chance à son assistant sur le film de Kubrick : John Dikstra.
Pour réaliser les centaines de plans à effets nécessaires à « Star Wars », Lucas est contraint d'investir de sa poche un million de dollars. Avec cet argent et afin d'être complètement libéré des contraintes des grands studios, il crée en 1975 sa propre firme d'effets spéciaux : La désormais célèbre ILM (Industrial Light and Magic). ILM est alors constituée sous la houlette de Dikstra par une horde de jeunes hyppies. Leur but : faire quelque chose d'absolument nouveau dans la manière de filmer les SFX. Et effectivement, le but sera atteint. Tout d'abord ils mettent au point la « Dikstrafex », première caméra pilotée par ordinateur qui deviendra le « Motion- Control », ils inventent la première animation image par image informatisée baptisée « Go- Motion », ils mettent aussi au point les premières images virtuelles basiques (viseur des chasseurs X), tout cela en un an de travail… Bref tout un tas de nouveautés qui vont révolutionner le monde des effets spéciaux. Au total le budget des SFX sera supérieur à celui des comédiens, ce qui reste encore rare à cette époque. Et puis il ne faut pas oublier non plus les artistes qui travailleront sur les effets de maquillage des extra-terrestres. Les plus grands noms sont présents : Rick Baker, Douglas Beswick, Richard Edlund, Dennis Muren

La conclusion de à propos du Film : Un Nouvel Espoir Episode 4 [1977]

Auteur Christophe B.
98

Au final le film aura atteint les buts de Lucas. Les qualités du métrage sont celles d'un formidable film de divertissement parsemé d'un soupçon de mysticisme. Des acteurs débutants de talent côtoient de véritables icônes du cinéma (Guiness, Cushing). Les quelques carences du récit sont effacées par le rythme trépident de l'aventure et la beauté des effets spéciaux.
« Star Wars » restera le film qui a tout déclenché et qui a lancé l'industrie cinématographique dans l'ère des SFX. Nous y sommes d'ailleurs toujours plongé…

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